Facebook : 2018, l’année des réparations
Il y a bien sûr la diffusion de fake news et l’ingérence russe dans les élections présidentielles américaines qui ont valu à Facebook d’être entendu au Congrès. Mais on peut ajouter la publicité faite aux discours de haine ou encore la question de la captation de l’attention. Last but not least : les critiques les plus virulentes adressées à la plateforme par d’anciens employés !
C’est peut-être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Zuckerberg. En dépit des initiatives pour restaurer l’image de son entreprise comme le label « Trust project » censé lutter contre le phénomène des fausses nouvelles, rien n’y fait. Il a beau exprimer publiquement son inquiétude au sujet des conséquences du sensationnalisme et de la polarisation alimentés par sa plateforme, on sent bien que le vent a tourné.
Le réseau social des débuts dont l’objectif était de réunir les personnes, si ce n’est de leur donner du pouvoir, semble avoir disparu de l’inconscient collectif. Désormais, Facebook est perçu comme le lieu de toutes les turpitudes, lieu d’expression des extrémistes, sujet à la manipulation des États et où, plus généralement « le vrai est un moment du faux ».
Exit donc les défis personnels comme l’apprentissage d’une nouvelle langue ou la lecture de 25 livres. C’est promis, cette année, Zuckerberg veut « réparer » Facebook.
Réparer Facebook pour un monde meilleur
Le monde va mal, paraît-il. Il est « anxiogène et divisé », selon les mots du CEO de la plateforme dans une publication en date du 4 janvier sur son profil (Facebook, cela va sans dire). Le réseau social est forcément responsable. C’est pourquoi 2018 sera consacré à le réparer. Objectif : « protéger notre communauté contre la cruauté et la haine, la défendre contre les interférences des États-nations, ou s’assurer que le temps passé sur Facebook est du temps bien dépensé ».
Attention, il ne s’agit pas d’« empêcher toutes les fautes et les abus ». Mais Zuckerberg reconnaît que son entreprise a commis « trop d’erreurs dans la façon dont » elle applique ses règles et prévient « les détournements dans l’usage de [ses] outils ». S’il tient sa promesse, Facebook sera sur « une meilleure trajectoire » en fin d’année.
Pour ce faire, Mark Zuckerberg compte s’entourer de groupes d’experts pour discuter de ces questions transversales et multidisciplinaires. Historiens, philosophes, politistes, spécialistes des médias et technologistes seront donc mobilisés à cette fin. Pour le jeune milliardaire, il y a plus à apprendre que s’il s’était lancé un véritable défi personnel.
Le futur de Facebook passera-t-il par la décentralisation ?
C’est peut-être dans la dernière partie de sa publication que Zuckerberg est le plus intéressant. Il discute de l’un des attraits de la technologie : la décentralisation, c’est-à-dire sa capacité à donner du pouvoir aux personnes. Or, ces dernières ont perdu foi en cette promesse. Le constat actuel est plutôt la tendance inverse : la centralisation entre les mains d’une poignée de firmes sans compter les gouvernements.
Toutefois, des technologies naviguent à contre-courant et renouent avec l’idéal démocratique de décentralisation : le chiffrement, la blockchain (Zuckerberg ne la cite pas explicitement) et les crypto-monnaies comme le fameux Bitcoin. Le patron de Facebook dit s’intéresser aux « aspects positifs et négatifs de ces technologies » et surtout « comment les utiliser au mieux pour [ses] services ».
Qu’est-ce que cela signifie ? Verra-t-on un jour des transactions réglées avec des monnaies virtuelles sur Facebook ? Nous savoir déjà que la société a introduit les paiements de pair à pair en Inde pour son application de messagerie WhatsApp. Par ailleurs, est-il possible d’envisager deux milliards d’utilisatrices et d’utilisateurs reliés entre eux grâce à la Blockchain ? La question peut prêter à sourire tant Facebook incarne la centralisation pointée du doigt par son Président.
Son défi pour 2018 serait-il déjà un vœu pieux ?
Article rédigé par Thierry Randretsa